Micm-arc

Traverser les frontières

Charles Hermans, À l’aube, 1875, huile sur toile, 248 x 317 cm, Bruxelles, Collections Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 2812. © Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. Photographe : J. Geleyns / Ro scan.

Le contraste social des quartiers populaires est traité dans le célèbre tableau « À l’aube » de Charles Hermans (1839-1924), où les bourgeois noceurs sortent le matin, dans leurs beaux habits fripés par la noce qu’ils ont menée, alors que les ouvriers, tôt levés, passent devant eux, effarés de voir ainsi débouler devant eux tant de richesse et d’immoralité. On devine à la droite du tableau la voiture attelée qui ramènera les fêtards dans leur quartier.

Traverser la ville, c’est traverser des frontières sociales invisibles. La rue est en effet un lieu de rencontre, un espace où se croisent des figures inattendues, étranges (ou étrangères), celles que l’on ne fréquente pas habituellement. Baudelaire a été le poète de la grande ville, celui qui, le premier, a montré les ressources littéraires de la flânerie qui transforme l’espace urbain en un spectacle permanent.

Le paysage urbain est par nature un carrefour social, la métaphore des différences qui, à l’intérieur, sont soigneusement enfermées dans leurs fonctions spécifiques, mais qui doivent également sortir pour assurer le bon fonctionnement des économies domestiques. La section propose quelques images qui illustrent ces tensions.

Paul Aron

Les articles