Micm-arc

Introduction

Fernand Toussaint, La Bourse de Bruxelles, 1901, gouache, 60 x 100 cm, Pays-Bas, collection privée. © Collection privée – Christophe Boon

 
 

Une exposition virtuelle sur les pratiques de mobilité et les usages du temps libre dans l’espace urbain bruxellois (XVIIIe-XXIe siècles)

Lancée en 2012, l’Action de Recherche Concertée « Culture, mobilité, territoire », qui vise à éclairer d’un jour nouveau les interactions tissées à Bruxelles depuis le XVIIIe siècle entre les domaines de la mobilité et de la culture, arrivera à son terme en septembre 2017, soit dans quelques semaines. Au terme d’un long cheminement interdisciplinaire, réunissant architectes, géographes, historiens, historiens de la littérature et musicologues, les chercheurs associés au projet ont souhaité faire partager le plus largement possible, sous forme d’un parcours visuel, le fruit de leurs travaux.

Ce parcours a été conçu dans le but d’illustrer les relations établies sur le long terme à Bruxelles entre pratiques sociales liées à la mobilité et aux usages du temps libre, d’une part, aménagements de l’espace, de l’autre. Il vise donc à montrer dans un même mouvement ce que la fabrique matérielle de la ville doit à certaines pratiques sociales et, inversement, ce que celles-ci doivent à la première.

Les pratiques sociales liées à la mobilité et aux usages du temps libre contribuent, à trois titres au moins, au façonnement des villes. Primo, l’aménagement de lieux dédiés à la mobilité et aux loisirs marque en profondeur l’espace urbain. Leur localisation contribue au renforcement de centralités existantes ou à l’émergence de nouvelles centralités, tout en transformant les valeurs foncières et immobilières, par exemple en rendant attractifs des quartiers qui ne l’étaient pas auparavant. Par ailleurs, comme le montre la nouvelle génération de gares ou de musées signés par des « stararchitectes », les bâtiments qui accueillent des fonctions de mobilité ou de récréation peuvent participer à la (trans)formation de l’identité visuelle des villes, en faisant émerger de nouvelles icônes urbaines. La localisation, la morphologie et les externalités des lieux de mobilité et des espaces de loisirs constituent donc un facteur majeur de la structuration des villes.

Secundo, les pratiques de mobilité et de loisirs constituent un enjeu des politiques urbaines. Depuis au moins deux siècles, les pouvoirs publics urbains cherchent à réguler et à encadrer ces pratiques, qu’elles soient extrêmement banales, comme la promenade sur les boulevards, ou jugées déviantes, comme la fréquentation des maisons de passe. De même, ils utilisent fréquemment l’offre de transports et de loisirs comme catalyseurs de l’attractivité urbaine, en cherchant à toucher dans un même mouvement les populations périurbaines et les touristes potentiels.

Tertio, enfin, les pratiques de mobilité et les loisirs urbains contribuent de manière décisive à la construction de l’imaginaire des villes. Bien souvent en effet, c’est par le biais des représentations matérielles (romans, tableaux, films, guides touristiques édités, sites web,…) des lieux et des pratiques de mobilité et de récréation que se façonne l’image d’une ville. C’est ainsi que Paris est indissociable tant de son réseau métropolitain que de la Tour Eiffel, ou que Londres est étroitement associé à ses taxis et à Big Ben.

De manière à rendre le voyage agréable, nous vous proposons d’endosser les habits d’un individu qui réaliserait un parcours diachronique dans Bruxelles. Vous êtes donc invités à arriver à Bruxelles, en train ou en voiture, puis à y circuler, en empruntant des boulevards ou le piétonnier récemment aménagé (Arriver en ville et Circuler dans la ville). Vous aurez aussi l’occasion de partir à la découverte des lieux de sortie, qu’ils soient huppés, comme le Théâtre royal de la Monnaie, ou populaires, comme les cabarets du centre-ville (Sortir en ville). Votre parcours se poursuivra par des promenades, diurnes ou nocturnes, ou vous pratiquerez le badaudage, la flânerie, l’errance, voire même le racolage (Se promener en ville). Ce qui vous amènera à traverser des frontières sociales, plus ou moins visibles, mais aussi à rencontrer des figures et des personnages peu familiers (Traverser les frontières). Enfin, vous explorerez les marges urbaines, ces faubourgs investis dès la fin du XVIIIe siècle par des artistes en quête de paysages pittoresques et qui accueillent aujourd’hui quelques infrastructures culturelles majeures (Sortir aux alentours).

À chaque étape de ce parcours, vous traverserez des époques différentes, en constatant tantôt les permanences, tantôt les changements majeurs intervenus dans les pratiques comme les aménagements. Et vous constaterez que l’espace urbain partagé et peu régulé du XVIIIe siècle a fait peu à peu place à un espace urbain fragmenté et très contrôlé !

Bon voyage à vous.

J.-M. Decroly