Micm-arc

Aménager

Theatre (view from Central Station towards the city centre), dans Pier Vittorio Aureli et al., Brussels, a manifesto : towards the capital of Europe, Rotterdam, NAI Publishers, 2007, p. 143. © TU Delft/The Berlage Archive.

 
 

L’envoûtement, la fascination, l’hypnose, la déception sont autant de registres de l’émotion que la ville induit. Ces émotions peuvent être provoquées par des dispositifs spatiaux, par exemple les ordonnancements, les perspectives, les panoramas, le skyline… Quand ceux-ci ne sont pas conçus pour que soient saisis le seuil, le mouvement d’entrée, la porte, certains des arrivants se trouvent alors dans l’incapacité d’appréhender la ville dans son ensemble, submergés par son étendue, enfermés dans ses horizons masqués.

Quelle est la part des dispositifs spatiaux aménagés pour les provoquer aux entrées de Bruxelles ? Ces aménagements sont conçus par leurs auteurs ou leurs commanditaires publics afin de « représenter la ville » aux yeux des arrivants, donnant à voir certains caractères et forgeant ainsi une identité visuelle au lieu. Un paysage culturel est composé – au sens d’une superposition d’interventions des aménageurs bruxellois au cours du temps. Ces paysages sont relatifs parfois à une capitale, d’autres à une métropole ; à des limites plus lointaines encore, la vision peut embrasser une région. L’exploitation du skyline et du panorama est de plus en plus intentionnelle : les architectes de la période contemporaine exploitent explicitement dans les images de leurs projets la silhouette de l’Atomium ou créent une ponctuation à l’aide de tours. On peut noter également la montée en puissance de l’utilisation de techniques de lisibilité urbaine par les pouvoirs publics, la space syntax notamment, induisant le déploiement de parcours urbains guidés par des points de vue et des accroches visuelles marquant le skyline de Bruxelles.

 
 

Sur l’image de l’Institut Berlage (école d’architecture aux Pays-Bas), les tours indiquent un horizon lointain, reculé aux frontières régionales à la sortie de la gare. Plus éloigné du centre ancien, le recul du skyline montre ici l’étalement de la ville au-delà du ring autoroutier. À partir de ce balcon urbain projeté à la sortie de la halte Centrale, la vue porte maintenant sur une étendue métropolitaine qui couvre, au-delà de la seconde couronne, tout le territoire administratif régional.

Judith le Maire

Pour aller plus loin :

Marche et espace urbain de l’Antiquité à nos joursCLARA Recherche / Architecture, n° 1 (mars 2013).

Tatiana Debroux, Yannick Vanhaelen et Judith le Maire, éd., L’entrée en ville : aménager, expérimenter, représenter, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2017. Voir : http://micmarc.ulb.ac.be/lentree-en-ville-amenager-experimenter-representer-tatiana-debroux-yannick-vanhaelen-judith-le-maire-ed/.