Partant de l’hypothèse qu’arriver en gare c’est arriver en ville, à Bruxelles, les sorties des stations sont des lieux privilégiés de la construction de l’identité urbaine. Les gares et leur environnement transmettent une identité visuelle, variable dans le temps. Mais qui de la gare ou du parvis de la gare donne finalement le ton ?
Quand rien n’est aménagé, la sortie de la gare donne l’image d’une ville quelconque. Or il est très difficile de trouver une représentation de la vue au sortir de la gare du Midi, celle néoclassique construite en 1869. En effet, c’est principalement la gare elle-même qui est représentée dans les archives, les photographies de presse ; elle est l’élément de modernité qui sert de représentation au voyageur qui arrive en ville, non l’environnement autour de la gare principalement composé d’hôtels et de cafés. On trouve, par exemple, des représentations de l’arrivée des voyageurs revenant du Congo belge qui posent devant la façade monumentale de la gare.
Les propos de Victor Horta (1861-1947) sont particulièrement révélateurs de l’importance du monument par rapport au parvis qui constitue pourtant la première vision que le voyageur a de Bruxelles en sortant de la gare :
« {Troisièmement} Donner au spectateur, à la sortie de la gare, l’impression d’une entrée de ville d’autant plus grandiose que le monument principal, auquel il tourne le dos, étant hors de vue, les maisons seules, relativement peu élevée, lui restent comme point de comparaison avec la surface de la place. » (Victor Horta, « Les applications de l’Urbanisme à l’entourage des monuments, rapport présenté à l’assemblée générale de la commission royale des monuments et sites du 19 décembre 1921 », Extrait du bulletin des commissions royales d’Art et d’Archéologie – LXIe année 1922 ; Vromant et Co, Bruxelles, 1923, pp. 4-5.)
Judith le Maire