Le « Diable au Corps », à l’origine revue satirique fondée en 1893 par un groupe d’écrivains et illustrateurs fervents de zwanze bruxelloise, est aussi un haut lieu de la bohème, situé 12 rue aux Choux.
Dans son roman à clés, Les Béotiens (1885), où il décrit avec férocité la vie littéraire des années 1880, Henri Nizet (1863-1925) dépeint à merveille cet espace urbain comme lieu d’observation et de consommation, lieu de désirs et d’ambitions que son personnage, venu de la province, peine à apprivoiser et rêve de conquérir tel un Rastignac bruxellois.
L’œil cerné, le regard absent, une femme mince, appuyée contre une colonne devant un dancing, offre ses charmes au promeneur. Cette « fleur de bitume », pour reprendre l’expression du poète décadent Émile Goudeau (1849-1906), parfaitement saisie sur le vif par Félicien Rops (1833-1898), est devenue l’archétype de « fille » fin-de-siècle, grandiose et pitoyable, noyant son spleen dans l’absinthe.
Aménagés entre 1867 et 1871, les boulevards centraux visent, en ce qui concerne la mobilité, à améliorer la liaison nord-sud entre les deux gares terminus (gare du Nord, alors située place Rogier, et gare du Midi, récemment déplacée place de la Constitution).